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Dr Cassan : Impact d'un registre de géolocalisation des DAE

Le Dr Pascal Cassan, Médecin Conseiller National à la Croix-Rouge française, revient sur les résultats d’une étude américaine récemment publiée dans Resuscitation, étudiant l'impact d'un accès à un registre de géolocalisation des DAE par les services médicaux d’urgence sur une défibrillation précoce réalisée par un premier témoin.

Dr Cassan, sur quel constat est basé cette étude ?

L’accès public à la défibrillation peut permettre une amélioration du taux de survie après un arrêt cardiaque extrahospitalier. Mais les défibrillateurs ne sont utilisés que dans de très rares cas. Afin d’améliorer cette situation, il faut que les services médicaux d’urgence soient alertés le plus tôt possible et qu’ils puissent indiquer au premier témoin s’il y a un DAE à proximité. Pour cela ils doivent avoir accès à une base de données permettant de localiser rapidement les DAE.

Où et comment cette étude a-t-elle été menée ?

Il s’agit d’une étude rétrospective sur une cohorte d’arrêts cardiaques extrahospitaliers. Elle a été réalisée à Seattle , ville où, on le sait, la prise en charge de l’arrêt cardiaque est particulièrement efficace.

Elle couvre une période de 3 ans (2007-2009) et évalue l’impact d’une mise à disposition, pour les services médicaux d’urgence, d’un registre de localisation des DAE. Concrètement, on étudie a posteriori si les témoins d’un arrêt cardiaque auraient plus souvent utilisé un DAE si les services médicaux d’urgence leur avaient dit qu’il y en avait un sur place ou dans un rayon de moins de 200 mètres. En effet, le secouriste occasionnel ne sait pas « forcément » où se trouve le DAE le plus proche mais c’est une information qui peut lui être précieuse !

Quels sont les résultats ?

L’étude porte sur 763 arrêts cardiaques. Un DAE a été utilisé dans seulement 32 cas soit 4,2% du total: c’est très faible ! L’utilisateur du DAE était un policier ou un secouriste occasionnel (aussi appelé « bon samaritain » ou « premier témoin »). Dans les 731 autres cas, un DAE n’a pas été utilisé. Pourtant, dans 59 cas il aurait pu l’être si l’information disponible dans la base de données de géolocalisation des DAE avait été transmise.

Lorsque l’on isole les arrêts cardiaques dont la cause est une fibrillation ventriculaire, situation où l’indication d’utilisation du défibrillateur est essentielle, les résultats sont encore plus éloquents : sur 179 cas au total, le DAE n’a été utilisé que 16 fois par un policier ou un secouriste occasionnel. Dans 163 cas, le DAE n’a pas été utilisé alors que dans 19 cas un DAE était sur place ou dans un rayon de moins de 200 mètres mais le témoin ne le savait pas !

Quelle conclusion tirez-vous de cette étude ?

Il est essentiel qu’un registre national de géolocalisation des DAE existe partout où le public, « Monsieur et Madame Toulemonde » peut utiliser un défibrillateur. Les services médicaux d’urgence doivent avoir accès à ce registre afin de transmettre l’information au témoin qui donne l’alerte et qui pourra ainsi aller chercher le DAE pendant que le sauveteur, lui, poursuivra les compressions thoraciques jusqu’à l’arrivée de l’appareil. Cela permettra d’améliorer le taux de survie des victimes : car plus la défibrillation est faite tôt, meilleur est le pronostic !